Appel à manifestation d’intérêt.Il s’agit de faire une étude portant sur le processus de pérennisation du Centre de formation des médias CFM.
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1. CONTEXTE
APERCU MEDIATIQUE
Dans son ensemble, depuis une vingtaine d’année, le secteur de la presse burundaise a bénéficié de l’appui de nombreux partenaires (bailleurs de fonds et opérateurs), ce qui en fait un secteur largement subventionné. Cet appui international répondait à une nécessité, tant les caractéristiques de la presse au Burundi décrite ci-après méritait un appui conséquent afin d’offrir au public une information professionnelle, pluraliste et indépendante.
Un paysage radiophonique pluriel
À côté d’une presse écrite quasi inexistante, la presse audiovisuelle est dominée par la radiodiffusion privée associative. Ces radios se sont développées à partir de 1995, et on peut estimer aujourd’hui à 7, le nombre de radios privées qui jouent effectivement un rôle majeur dans le paysage médiatique local : Radio Bonesha, Radio Publique Africaine (RPA), Radio Isanganiro, Radio CCIB FM, Radio Renaissance, Radio Culture et Rema FM. Ces radios privées proposent une offre de programmes diversifiée aux côtés de la radio nationale RTNB. Elles s’attèlent, chacune avec ses spécificités et ses centres d’intérêt, à promouvoir les démarches citoyennes, à renforcer la compréhension et la confiance mutuelles entre les communautés, à diffuser une information équilibrée et rigoureuse, à favoriser un dialogue entre l’administration et ses administrés, et veillent à s’ouvrir à toutes les tendances en présence pour refléter la diversité de la société.
Une liberté de la presse ancrée mais sous pression
Malgré les atteintes à la liberté de la presse auxquelles les médias sont confrontés, tout le monde est unanime pour dire que les radios jouissent d’un grand capital de confiance de la population au regard de leur ton libre et du caractère populaire de certaines émissions politiques et sociales, et du rôle joué dans la promotion des valeurs de paix et de réconciliation lors des élections de 2005 et de 2010.
Alors qu’en 2005 selon le classement de Reporters Sans Frontières, le pays était classé 90 sur 167, il a occupé la place de 125 sur 168 pays en 2006 et de 127 sur 169 en 2007 pour se situer à l’aube de cette année 2013 à la 132ème place.
Aux arrestations arbitraires du Directeur de la Radio Isanganiro, Mathias Manirakiza, et des journalistes de la RPA, Serge Nibizi et Domitille Kiramvu en 2006, ont succédé d’autres emprisonnements en 2008, notamment celui du Directeur de Net Press, Jean-Claude Kavumbagu. Et depuis le 28 novembre 2011, le pays et la profession sont marqués par la détention d’Hassan Ruvakuki, accusés d’actes terroristes.
Un professionnalisme en demi-teinte
Au niveau de la professionnalisation des journalistes, on constate dans l’ensemble que le Burundi dispose d’une presse professionnelle avec un certain nombre de journalistes formés grâce aux multiples ateliers de formations organisés par différents opérateurs depuis plusieurs années. C’est davantage un besoin de spécialisation des journalistes qui se fait plutôt ressentir, sans négliger la formation continue des nombreux journalistes arrivés dans le secteur sans bénéficier d’une formation initiale, capitale cependant pour maîtriser les fondamentaux du métier.
En effet, beaucoup de sensationnalisme au niveau des articles et des émissions produits et pas assez d’objectivité sont à souligner. De même, les débats politiques dans les médias sont peu professionnels, et de nombreux journalistes sont politisés ou pas assez formés.
Une viabilité économique précaire
Les médias au Burundi évoluent dans un environnement de pauvreté qui ne leur permet pas de générer des revenus sur la vente de leur produit. La presse écrite est atomisée et ne se limite qu’à Bujumbura. C’est grâce aux bailleurs de fonds que les radios constituant le fer de lance des médias au Burundi ont pu être créées. Ces dernières ont bénéficié de l’attention soutenue des bailleurs de fonds durant la période la plus tendue du processus de paix. La coopération belge a apporté un appui particulier important à la restructuration de la RTNB (radio télévision publique) et à la RPA; l’USAID a appuyé la radio nationale, Bonesha FM ainsi que la radio Isanganiro par le biais de l’ONG Search for Common Ground et de PADCO ; la Fondation Ford, l’Ong néerlandaise Cordaid ont également soutenu la Radio Publique Africaine (RPA). Les projets et les moyens ont donc été négociés par chaque radio individuellement par le biais de ses contacts spécifiques. Les démarches collectives, regroupant plusieurs radios, ont été rares jusqu’ici. Le secteur des médias représente 4.400.000 $ : les recettes propres constituent 35% des revenus et la différence est couverte par l’Etat et par les bailleurs. Dans le sous-secteur des radios privées, la part des bailleurs atteint même 80% et la publicité vient, le cas échéant, combler le budget. Dans le secteur public, la part de l’Etat est de 55%. Cette part est proche des 100% à l’ABP. Etant dirigées par d’anciens journalistes, les radios privées consacrent une très large part de leur énergie aux contenus, avec un manque d’intérêt parfois prononcé pour le management commercial. Seuls deux petits médias s’en sortent sans aide : le journal Arc-en ciel et l’agence de presse Net Press.
Un appui au secteur en pleine mutation
Au cours du cycle électoral de 2010 et tenant compte de l’expérience réussie de la Synergie des médias en 2005, un Plan d’Action Commun d’Appui aux Médias (PACAM) a été mis en place, concentrant tous les moyens financiers mobilisés par les bailleurs de fonds bi et multilatéraux autour d’un vaste appui multi-structurel.
Fin 2010, l’évaluation de ce PACAM a souligné la pertinence du Plan à différents niveaux et a mis en exergue la qualité du traitement de l’information en période électorale tout en rappelant l’impact de la Synergie des médias, pour une couverture apaisée des journées électorales.
Partant de ce succès – souligné entre autres par le rapport d’observation de l’UE – et sous la houlette du Coordinateur du PACAM, il a été rapidement proposé aux médias burundais, aux organisations professionnelles, aux opérateurs et aux bailleurs de fonds de réfléchir au développement d’un PACAM 2, mis en œuvre en dehors d’une période électorale.
Si l’idée a séduit fortement les bailleurs de fonds concentrant désormais leur appui dans un seul basket fund, elle a crispé les médias locaux ne bénéficiant plus de leur accès privilégiés auprès des ambassades et autres bailleurs traditionnels. En 2013, le PACAM 2 est en cours d’exécution ciblant la régulation des médias, la viabilité économique du secteur, la formation professionnelle à travers le développement du Centre de Formation des Médias (CFM) et la production de contenus.
Aux côtés de certains bailleurs bilatéraux traditionnels, l’Union européenne s’est fortement investie au sein de la Maison de la presse, contribuant à faire de cette structure un repère professionnel dans le secteur et soutenant fortement la nécessaire formation continue des managers, des journalistes et techniciens à travers les activités du CFM.
LE DEVELOPPEMENT DU CENTRE DES FORMATIONS DES MEDIAS (CFM)
Dans la phase post-conflit, le secteur de la presse a été considéré par l’ensemble des partenaires de développement comme un secteur clé. A ce titre, de nombreuses actions en sa faveur ont été menées par différents intervenants
Malgré cette importante mobilisation des bailleurs et des opérateurs, force est de constater que les appuis se sont souvent réalisés de manière quelque peu désordonnée entre les différents intervenants, malgré les efforts remarqués depuis 2008 en vue d’organiser la concertation et d’optimiser les moyens et les actions mis en œuvre en faveur du secteur de la presse.
Le Projet d’Assistance Technique à la Maison de la Presse, initié par le Projet Arcane grâce à un financement de l’Union Européenne, constitue indubitablement l’un des résultats de cette plus grande concertation. En conformité avec son objectif spécifique de renforcer les capacités opérationnelles et décisionnelles des acteurs non étatique burundais, cette assistance technique a ciblé la Maison de la Presse, considérée comme structure fédérative de l’ensemble des organisations chargées d’encadrer le secteur de la presse (OPM).
En août 2009, sur base d’un appel à projet, l’Institut Panos Paris a été identifié pour être l’opérateur de cette assistance technique destinée à structurer et à renforcer le paysage médiatique burundais en développant trois principales activités :
1. La réalisation d’une base des données recensant l’ensemble des professionnels des médias ainsi que les organes de presse burundais. Cet outil est indispensable pour organiser toute initiative d’appui à la presse et assurer une bonne traçabilité des médias et un appui ciblé à leurs ressources humaines.
2. La création du Centre de Formation des Médias (CFM), structure de formation continue pour les journalistes burundais.
3. La rédaction de deux études destinées à apporter des esquisses de solutions à deux problèmes majeurs de la presse burundaise : la capacité de gérer une entreprise de presse et la faiblesse structurelle de la presse écrite.
La mise en œuvre de ces activités, réellement novatrices et combinées à un accompagnement continu à la Maison de la Presse, a permis de renforcer de manière significative son rôle fédérateur et son positionnement comme interlocuteur incontournable du Gouvernement, ainsi que des divers partenaires et opérateurs soucieux de s’investir aux côtés des médias burundais. Fin 2010, au terme de ce projet et tenant compte de son succès, l’Ambassade de France à Bujumbura a souhaité apporter son appui en accordant les financements nécessaires à la mise en œuvre d’une troisième vague de formation, entre janvier et juin 2011.
Dans la continuité de ces deux premières étapes, l’IPP a relayé et traduit les échos du secteur plus que jamais en demande d’une structure de formation locale qui, de façon continue, puisse apporter une offre de formation à son personnel.
Les recommandations formulées lors des Etats Généraux de la Communication et des Médias (EGCM) tenus à Gitega les 4 et 5 mars 2011 ont elles aussi souligné la pertinence de soutenir le développement du CFM, et par extension celui de la Maison de la Presse, en tant que point focal des activités de formations en matière de presse et de communication.
Sensible à ces recommandations et inscrivant son appui dans le cadre du PACAM2, l’Union européenne (via le projet OSCAR) a décidé d’octroyer une subvention de 400 000 euros à Panos Paris afin qu’il poursuive 4 cycles de formations techniques, journalistiques et managériales en 2012 et 2013.
L’offre de formation proposée par Panos Paris en concertation étroite avec la Maison de la Presse et les responsables des médias aussi bien publics que privés repose sur les principes suivants :
– Améliorer la connaissance des droits et des devoirs du journaliste ;
– Confronter de manière permanente son travail journalistique aux règles de déontologie ;
– Adapter le secteur de la presse aux évolutions globales que connaissent les médias ;
– Combiner un apprentissage professionnel associant les connaissances théoriques et la mise en œuvre pratique.
Cette approche méthodologique affinée, et tirant les leçons des évaluations antérieures a débouché sur la définition d’un programme de formation adapté aux trois publics cibles par le projet et visant les résultats suivants :
– 80 Journalistes formés au terme d’un programme de formation de 300 heures ;
– 80 Techniciens formés au terme d’un programme de formation de 65 heures ;
– 10 Patrons de presse formés au terme d’un programme de formation de 160 heures ;
Dans la perspective de pérennisation du CFM, il est prévu que le projet apporte une assistance méthodologique et technique continue au Directeur des études du CFM afin qu’il assure une supervision efficace du programme et qu’il en assure son développement en étroite collaboration avec le secteur.
2. RAPPEL DES OBJECTIFS SPECIFIQUES ET DES RESULTATS DU PROJET
Deux résultats sont attendus par rapport aux objectifs spécifiques :
· Objectif spécifique1 : Développer les compétences professionnelles des journalistes et techniciens burundais de la presse écrite, radiophonique, télévisuelle et multimédia pour favoriser la circulation d’une information régulière, complète, rigoureuse et utile au citoyen.
4 Résultat attendu : Leurs compétences renforcées, les journalistes et les techniciens de la presse burundaise produisent un contenu médiatique sur des supports attractifs.
· Objectif spécifique2:Renforcer les capacités de gestion de la Maison de la presse afin qu’elle puisse garantir à l’avenir une offre de formation continue aux professionnelle des médias burundais.
4Résultat attendu : En sa qualité de structure faîtière, la Maison de la Presse pérennise son offre et son expertise de formation à l’attention du secteur.
3. OBJECTIFS SPECIFIQUES DE L’ETUDE
A mi-parcours de cette 3ème phase du CFM, le constat suivant est établi :
– Le secteur des médias estime que la 4ème session de formation (2ème semestre 2013) ne répond plus à ses besoins prioritaires et souhaite une réorientation du programme.
– Le processus de pérennisation, entamé en 2012 lors d’une consultance de Michel Leroy, doit être poursuivi et renforcé en 2013 afin de maximiser les chances du CFM d’être autonome et ainsi de poursuivre ses activités, de manière plus indépendante et en diversifiant l’origine des financements.
Compte tenu de ces constats, l’Union européenne se montre favorable à l’idée de modifier le projet en autorisant Panos Paris, la Maison de la Presse et le CFM d’annuler le 4ème cycle de formation au profit d’une réorientation allant dans le sens de la pérennisation.
Dans ce contexte, la consultance aura donc pour objectifs de :
– Finaliser le processus de reconnaissance du CFM (procédure d’agrément auprès d’un ou plusieurs Ministères), en tant que structure de formation reconnue par les autorités burundaises ;
– A partir d’un diagnostic national et sous régional, situer l’action actuelle du CFM dans le paysage des instituts et écoles de formation pour le personnel des médias;
– Situer le meilleur positionnement pour la pérennisation du CFM (projet de la MPB ? Structure indépendante de la MPB ? Si projet de la MPB, quelles bases de relation? );
– Identifier les pistes de pérennisation et de partenariats pour le CFM ; y compris établir un plan d’affaires 2014-2019;
– Identifier une liste de matériel nécessaire à acquérir en tant que structure de formation
– Identifier une stratégie de communication.
4. RESULTATS ATTENDUS
Le rapport devra :
– Situer le CFM au niveau institutionnel (agrément avec quel(s) Ministère(s)) et dans le paysage national et régional des instituts de formation national et sous-régional en proposant d’éventuels accords ou mémoire d’entente avec ces instituts;
– Proposer une définition sur le futur statut du CFM
– Proposer à l’équipe du CFM les recommandations nécessaires dans le cadre du processus de pérennisation de la structure (feuille de route générale et plan d’affaires);
– Etablir un plan de communication.
Il sera remis le 31 juillet 2013.
5. Durée de l’étude
Le programme de consultance ne pourra excéder 25 jours de prestation et comprendra 4 étapes :
. Travail de documentation préalable à la mission
. Mission de terrain
– Visite des instituts de formation à Bukavu (Maison de la presse) et à Kigali (Great Lakes Media Center);
– Visite des partenaires potentiels au Burundi (le Ministère en charge de l’information et de la communication, le Conseil National de la communication, les responsables des médias aussi bien publics que privés, le Master en journaliste complémentaire de l’Université du Burundi, les universités privées, les organisations internationales intéressées par les médias, les agences de coopération, etc..);
– Finalisation du processus de reconnaissance du CFM auprès des autorités burundaises (préparation du dossier d’agrément du CFM);
– Définition des pistes concernant le statut et la pérennisation du CFM avec l’équipe du CFM.
. Rédaction du Rapport
. Suivi post-mission , permettant au CFM de rester en contact avec l’expert à propos de la mise en œuvre de la stratégie de communication et du plan d’affaires.
6. Soumission des offres
Le ou les consultant(e)s fera (ont) une proposition technique et une proposition financière en un seul document.La proposition technique comprendra :
– Une note méthodologique (3 pages au maximum) où le ou les consultant(e)s présentent leur compréhension des TDR et la méthodologie qu’ils comptent mettre en œuvre pour atteindre les objectifs fixés et les résultats attendus. Cette note sera partie intégrante du marché proposé ;
– Une proposition financière ;
– Une présentation des expériences acquises dans un domaine d’intervention similaire
– Le ou les CV du ou des consultants affectés à la mission.
7. Critères de sélection
La sélection du ou des consultant(e)s se fera selon les critères ci-après :
– Expérience et référence du ou des consultant(e)s ;
– La méthodologie de mise en œuvre ;
– Le coût de la prestation ;
– La disponibilité rapide.
8. Remise des offres
Les offres seront adressées pour le 24 mai 2013 et par voie électronique à
– Pierre Martinot – Responsable de programmes Afrique centrale – pierre.martinot@panosparis.org
– Cyprien Ndikumnana – Coordonnateur de Projets au Burundi – cyprien.ndikumana@panosparis.org
9. CONTACTS
INSTITUT PANOS PARIS INSTITUT PANOS PARIS au Burundi
Pierre Martinot Cyprien Ndikumana
pierre.martinot@panosparis.org cyprien.ndikumana@panosparis.org
La consultance de Michel Leroy a été réalisée du 3 au 6 juillet 2012 dans le cadre du Projet CFM. Le « Rapport de coaching du directeur du CFM » est disponible auprès de l’Institut Panos Paris.